Ascensions en téléscope
En 1878, un touriste pas comme les autres visite la Suisse et la
Savoie : l'Américain Samuel Langhorne Clemens, alias Mark Twain. De
Lucerne à Chamonix, l'auteur suit un itinéraire des plus classiques. Son
récit de voyage, traduit pour la première fois en français, est tout à
fait inattendu.
Laissant libre cours à son humour satirique, le
romancier pose un regard faussement candide sur la montagne et son
folklore touristique. Des tyroliennes aux pendules à coucou, des
edelweiss aux chamois, "petite bestiole qui hante par milliers les
hôtels suisses" : rien ne résiste à sa critique loufoque.
Ses
deux personnages - Mark Twain en voyageur irascible flanqué de son
servile compagnon Harris, tentent désespérément de comprendre la
montagne. Ils se livrent à toutes sortes d'expériences saugrenues :
faire bouillir un guide, prévenir les avalanches à l'aide d'un parapluie
ou entreprendre une ascension en télescope...
Mais Mark Twain
est véritablement séduit par la beauté des paysages. II retrouve tout
son sérieux pour nous faire partager son émerveillement et rapporte avec
précision l'avènement de l'alpinisme, sport encore mal connu.
De
ce basculement du témoignage circonstancié dans la fable caustique naît
un livre d'une drôlerie féroce : une satire des récits d'ascension et
de voyage de l'époque, vision décapante de la montagne et des
montagnards.