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Ceux de la montagne
15 mars 2011

Rencontres au coeur des Alpes

rencontres

 

En l'espace de quelques décennies la montagne, jusqu'ici préservée, a été l'objet de nombreuses convoitises. Le ski et l'alpinisme, deux disciplines jusqu'alors ignorées des montagnards, la transforme doucement mais inexorablement.

Il ne s'agit pas uniquement de transformation du paysage : le brassage des populations, l'influence des autres cultures, la multiplication des moyens de communication ont contribué à l'abandon progressif du mode de vie typiquement montagnard.

Cette culture, née de la "civilisation de la vache", forgée par les moines cisterciens créateurs de l'alpage (priorité à l'élevage de la vache laitière), est en voie de disparition. La vie de nos grands-parents était difficile, certes, et il ne s'agit pas dans ce livre d'avoir une démarche passéiste. Mis à part quelques citadins marginaux qui rêvent à un hypothétique retour à la terre, personne n'accepte aujourd'hui, après avoir goûté aux avantages du modernisme, de vivre aussi pauvrement et aussi difficilement que vivaient nos aïeux.

Il faut rester réaliste. il ne s'agit pas ici de s'opposer systématiquement à un aménagement de la montagne. L'avènement des stations de sports d'hiver a été bénéfique dans un sens. Grâce à la démocratisation des vacances et à leur allongement dus à l'élévation du niveau de vie, elles permettent aux citadins de fuir leur univers de bétons et de bruit. Créatrices d'emplois de toutes sortes, ces stations ont permis aux montagnards de rester au pays.

Mais ces transformations, cet aménagement de la montagne, qui ont été un temps raisonnables, ont été remplacés par ce qu'on peut appeler une urbanisation de la montagne. Des capitaux étrangers viennent spéculer sur l'or blanc. S'enrichir à tout prix est l'unique raison d'être des promoteurs ! Les nouveaux télésièges et autres cabines appellent la construction de nouveaux hôtels. Routes en tous sens, immeubles de béton laids et impersonnels, pylône de toutes sortes, poussent comme des champignons au beau milieu des pâturages. Il en sera bientôt fini de l'agriculture de montagne, du bruit des clarines et des dernières traditions alpines.

Certes se constituent quelques associations pour la défense du patrimoine, des groupes de patois pour préserver la culture locale, des parcs nationaux et des réserves pour sauver la nature. Mais cette urbanisation n'a-t-elle pas déjà été poussée trop loin, n'a-t-elle pas déjà tué l'âme de nos villages ?

Un juste milieu n'est-il jamais possible en ce monde ? N'était-il pas plus judicieux d'aider l'agriculture de montagne comme l'ont fait d'autres pays alpins, en développant les vacances chez l'habitant, le camping à la ferme, la restauration de l'habitat traditionnel plutôt que de construire la ville à la montagne ? La montagne est loin de tout cela. La Montagne c'est la vie, C'est l'air pur. Les torrents aux eaux limpides et bondissantes, les neiges immaculées, les vieux villages, les traditions léguées par nos anciens.

Ce livre, nous l'avons conçu comme le témoin de la beauté de la vraie montagne, de la beauté d'un paysage ou d'un visage photographié. Car ces montagnards, eux aussi, sont beaux, physiquement mais aussi dans leur têtes. La simplicité, l'authenticité, sont toujours belles. La nature forge les corps, les mains et les visages mais aussi les esprits. Nous avons voulu montrer aussi que ce qui n'est pas créé de la main de l'homme est Beauté à l'état pur. Quoi de plus beau qu'une fleur, un animal sauvage ? un jour, peut-être en feuilletant ces images, un décideur, un homme politique, un architecte, un promoteur, un banquier sur le point de commettre l'irréparable pensera aussi à la Montagne...

On peut rêver...

Préface du livre de Jean-Bernard Buisson et Marie-Thérèse Hermann

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