Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ceux de la montagne
17 mars 2011

25 artistes se baladent en montagne

art

Deux personnages en tenue de campagne cheminaient à pas lents au flanc d'une haute montagne. Cela pourrait bien être le mont Pelvoux, dont la cime neigeuse se profilait au loin. L'un d'eux s'arrêtait fréquemment, se penchait pour détailler une fleur ou un coléoptère attardé sur une ombelle, puis suivait aux jumelles les évolutions d'un rapace. Ses observations étaient aussitôt consignées dans un carnet. Son compagnon le suivait de près et profitait de chaque station pour crayonner la fuite d'un chamois ou la silhouette d'une marmotte aux aguets. Une halte prolongée était pour lui l'occasion d'extraire feuilles de dessin et pinceaux de son sac. Il brossait quelques esquisses, relevait les lignes du paysage ou s'attardait sur le tapis multicolore des fleurs magnifiées par le soleil et la transparence de l'air.

cabri__ric_alibert

Aquarelle d'Eric Alibert parue dans "Carnets naturalistes autour du Mont-Blanc" dont je parlerai bientôt

Nos randonneurs étaient en fait l'un et l'autre de vrais naturalistes. L'un préparait un savant mémoire sur l'écologie montagnarde ; l'autre traduisait en peintre son émotion devant la beauté d'un site grandiose, la grâce ou l'aspect tourmenté de la végétation, la vivacité d'un animal. La communion de pensée de nos deux personnages, celle que partagent aussi tous les amoureux de la montagne, est loin d'être fortuite. Car le plaisir de la découverte scientifique s'apparente étroitement à celle de l'artiste. Les sentiments qui les animent procèdent tous de l'émerveillement devant les splendeurs du monde qui nous entoure. La nature, en particulier celle des Alpes et de ses hauts sommets, n'est-elle pas elle-même une suite d'oeuvres d'art ? Le vent et la pluie ont sculpté la montagne d'incroyable manière. L'évolution a fait naître des formes qui ne le cédent en rien à celles sorties de notre imagination. Elle a semé à travers l'espace un assortiment de couleurs qui rivalisent avec celles des palettes des plus fastueux de nos peintres. Il n'est donc pas surprenant que les milieux sauvages aient inspiré jusqu'à nos jours des pléiades d'artistes attachés à tout ce qui prend part à cette symphonie de l'inerte et du vivant, là où la puissance du monde minéral s'oppose à la fragilité des corolles et des papillons.

chocards

Rassemblement de chocards : Denis Clavreul

En fait l'art et la science ont partout et toujours noué d'étranges et bénéfiques complicités ; seuls diffèrent les modes d'expression. Certes l'artiste a plus de liberté pour donner libre cours à sa sensibilité. Il revendique à juste titre le droit d'interpréter ce qu'il voit, encore qu'attaché à des sujets réels, il se doit de respecter une certaine retenue. Le savant est plus étroitement contraint à une perception objective. Les deux, malgré tout, restent sensibles à l'harmonie du paysage, à la splendeur des gentianes et des saxifrages, à la séduction d'un scarabée aux formes inédites, à la virtuosité d'un oiseau. Notons en passant que nombre de scientifiques manient eux-même avec talent aquarelle et crayon.

Eric_Alibert

À travers la vieille Europe, densément peuplée et défigurée depuis des millénaires, nos hautes montagnes ont le mieux préservé des habitats proches de l'ambiance primitive. Au moins dès que l'on s'écarte du tumulte des stations de sport et de la quincaillerie des remonte-pentes et des téléphériques. On ne s'étonnera pas que les naturalistes et les artistes, leurs frères, y trouvent les joies les plus authentiques. Le Parc national des Ecrins et son fabuleux massif cristallin du mont Pelvoux figurent en bonne place parmi ces lieux privilégiés. Des forêts d'altitude aux pelouses que bordent des glaciers, nous est offert comme dans un prodigieux kaléidoscope une végétation d'une singulière diversité. Scarabées, papillons, oiseaux et mammifères y ont trouvé refuge en dépit de l'hostilité du climat. Nul mieux que ce parc ne semble plus désigné pour célébrer l'union de l'art et de la nature. Des artistes aux tempéraments très varié, venus des pays les plus divers, certains de fort loin, s'y donnent rendez-vous pour composer un hymne à la vie ; chacune de leus oeuvres en constitue une strophe. Dessins et aquarelles y prennent la valeur d'une seconde écriture. Qu'il s'agisse de croquis pris sur le vif ou de peintures plus élaborées. Tous reflètent la vérité d'un paysage ou d'un animal, mieux que ne le ferait une savante description.

Jean_Chevallier

Alors feuilleter ce livre déjà est un enchantement. S'y plogner avec attention prend l'allure d'un véritable parcours initiatique. À travers forêts et alpages, franchissant un torrent ou escaladant quelque rocher, nous découvrons des tétras-lyre en joutes amoureuses, des chamois circonspects, des aigles planant au fil du vent, des passereaux que ne rebutent pas les altitudes, des fleurs épanouies à l'abri d'un caillou et des arbres torturés par la neige.

Ce recueil figurera en bonne place dans nos bibliothèques. Il réveillera dans nos souvenirs la rencontre d'une fleur ou d'un insecte, après une longue et fatiguante approche. Et, par les soirées d'hiver, il nous fera rêver à nos prochaines courses en quête des merveilles des hautes chaînes de nos Alpes.

Robert_Greenhalf

Puisse la sagesse que l'on prête aux hommes préserver ces montagnes, la vie qui les anime et nous permettre de nous élever ainsi au-dessus des contingences de ce qu'il est convenu d'appeler la civilisation. Extraits de la préface de Jean Dorst

livre_1

 

livre2

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Du grand art.
V
Trop jolies, j'adore les aquarelles !
T
un superbe bouquin
C
Très belles ces aquarelles
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Ceux de la montagne
Publicité