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Ceux de la montagne
8 avril 2011

Un petit coin de paradis

un_petit

C'est l'histoire de la seconde vie d'Ossona, un hameau valaisan situé dans le Val d'Hérens en Suisse, abandonné dans les années soixante et qui devient le projet-pilote d'un site agro-touristique.
De 2005 à 2008, nous avons suivi la réhabilitation de ce lieu classé zone de développement durable et ses acteurs.
Les uns ont entre 14 et 16 ans. Ils sont nés en Haïti, au Maroc ou à Sion. Ils fréquentent une institution pour adolescents en difficultés. Le labeur montagnards peut-il transformer l'esprit? Une fois par semaine, entre chantiers et travaux agricoles, ils s'investissent dans la remise en état de ce hameau fantôme.
Les autres ont entre 75 et 90 ans. Ils ont vécu leur enfance en autarcie à Ossona, qu'ils ont quitté à l'ère des barrages, pour connaître la vie "moderne". En témoins, ils reviennent, observent et racontent...
Que peuvent donc partager ces représentants des anciens de la vallée et de cette jeunesse multiculturelle? Qu'ont-ils à se dire, que peuvent-ils se transmettre?
Le film retrace cette aventure jusqu'à la fin d'une première étape avec des gîtes ruraux et une auberge, mais aussi la course d'obstacles financiers, administratifs, politiques et écologiques auxquels se confrontent la commune de St-Martin et le paysan exploitant.

Extraits de presse du documentaire de Jacqueline Veuve


UN PROJET AGRO-TOURISTIQUE FAIT REVIVRE UN HAMEAU VALAISAN

par Françoise Bieri Hirlemann (17 mai 2009, www.auxartsetc.ch/articles_detail.php?id=6135)

 

La renaissance d’un petit hameau valaisan situé à 900m d’altitude dans le Val d'Hérens est tout un symbole, et c’est l’objet du dernier film de Jacqueline Veuve. Le hameau s’appelle Ossona, mais ses anciens habitants l’appellent Ossone. Ils l’ont abandonné au début des années soixante à cause des problèmes d’eau potable, quand les jeunes filles se sont mariées ou parce qu’ils ont voulu connaître la vie moderne et ont préféré aller travailler à la construction du barrage de la Grande Dixence. Certains vivent encore dans le village le plus proche, à une heure de marche d’Ossona. Réveillés par les changements qu’ils observent –chaque jour, à la jumelle parfois-, leurs souvenirs de ce «petit coin de paradis» de leur jeunesse vont remonter.

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En ethnologue attentive et bienveillante des personnes et des projets qu’elle étudie, Jacqueline Veuve a voulu documenter la renaissance d’Ossona, rendue possible par la réalisation du projet-pilote agrotouristique sur le site de ce hameau. Ce projet comprend des gîtes ruraux, une exploitation agricole et une auberge. De 2005 à 2008, la réalisatrice a suivi les acteurs de la réhabilitation de ce lieu classé zone de développement durable. Le film montre la course d'obstacles financiers ou administratifs, mais aussi les divergences entre les exigences définies dans le projet et la réalité des exigences de l’exploitant agricole.

 

Des adolescents sans reperes face aux anciens du hameau

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Certains acteurs de cette aventure ont entre 14 et 16 ans. Ils sont nés en Haïti, au Maroc ou à Sion et ils fréquentent une institution pour adolescents en difficultés. Une fois par semaine, entre chantiers et travaux agricoles, et encadrés par les professionnels, ils s'investissent dans la remise en état du hameau. D’autres ont entre 75 et 90 ans. Ils ont grandi à Ossona, en autarcie, bien sûr à l’époque. Témoins encore vivants d’un passé révolu et menacé d’oubli, ils suivent le réveil du hameau. Ils reviennent, ils observent et ils racontent les anciens outils, la joie de vivre et de danser, la nature, leur jeunesse... Les meilleurs souvenirs sont plus facile à raconter, et ces aînés passent sans doute trop vite sur le quotidien difficile : sur le pain dur comme du caillou car il est cuit seulement deux fois par an, ou sur les chemins d’une heure vers l’école, par tous les temps, même quand la neige leur montait jusqu’aux genoux. Mais ils se souviennent avec nostalgie et gourmandise de l’éclatement du printemps, de leurs bêtises de gamins, de toute la liberté que l’époque, la nature et l’isolement permettaient. Alors, les jeunes dans le film et nous les spectateurs, nous les écoutons et partageons avec eux la nostalgie et les mots de ce bonheur passé, qui ensoleille encore leur mémoire de fleurs, de bruit d’eau, de portes jamais fermées et de mythes terrifiants qui les font aujourd’hui sourire, mais qui les empêchaient alors de dormir.

 

Symbole d’avenir

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Le documentaire est magnifique par la beauté du site et la beauté des rencontres humaines. Il est intéressant parce qu’il montre la revitalisation d’un lieu oublié pendant 50 ans, et qui offrira une possibilité de tourisme familial, écologique dans l’esprit du développement durable. Les commentaires en voix off y sont superflus. Les rencontres entre les protagonistes suffisent à illustrer les difficultés rencontrées pour concilier les intérêts divergents voire les incompatibilités entre les objectifs financiers, touristiques, agricoles et écologiques d’un tel projet.

mamie

Autre point fort de ce documentaire, la rencontre des générations : celle des adolescents sans doute en manque de repères et de racines qui découvrent un monde inconnu avec des aînés qui ne demandent qu’à se souvenir et à transmettre. Les jeunes y découvrent l’importance de l’enracinement et la fierté de l’ouvrage accompli. Ils ont entendu avec quelle fierté les anciens parlent de «leur» mur, celui du barrage de la grande Dixence, pour lequel ils travaillaient 11 heures par jour, même le dimanche – sauf une heure pour aller à la messe…. Eux les jeunes, ils participent à la réalisation d’un projet agro-touristique, et ils seront «fiers de montrer à leurs enfants et petits-enfants», les gîtes qu’ils ont refaits. L’un d’entre eux le dit clairement. Il a maintenant un repère, quelque chose dont il est fier et qui lui permet d’aller plus loin.

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