"Ramonez la cheminée..."
En passant par la Bourgogne,
Je rencontre un petit homme qui mangeait de pain, de tomme
Qui buvait du ratafia.
Ho! Hé!
Ramonez la cheminée
Du haut en bas.
C'est Madame la baronne
Qui voudrait qu'on la ramone,
Mais son mari ne veut pas.
Ho! Hé!
Ramonez la cheminée
Du haut en bas.....
(ancienne chanson savoyarde dont je ne connais pas la suite)
Un phénomène observé dans tous les pays pauvres et surpeuplés est celui de l'émigration qui est particulièrement remarquable en Savoie. Dès le seizième siècle les recensements font apparaître déjà des nombres considérables d'absents sur les listes de consigne du sel. Cette émigration était la plupart du temps saisonnière ou temporaire ; elle devint définitive après l'annexion.
L'émigrant le plus connu et le plus populaire en France est le petit ramoneur dont la figure familière apparaît dans la littérature de Rabelais à Anatole France en passant par Victor Hugo. Son recrutement se fait surtout en Genevois (Aravis et bassin du lac d'Annecy), de tarentaise et surtout de la vallée des Villards en Maurienne. Un maître ramoneur engage une dizaine de jeunes enfants, de petites taille, afin qu'ils puissent s'introduire plus facilement dans les conduits de fumée parfois étroits.
Claude Genoux qui fut ramoneur dans son enfance écrit dans ses "Mémoires d'un enfant de Savoie" que des filles déguisées en garçons effectuaient également ce travail dangereux dans des cheminées délabrées ou trop larges où aucun appui n'était possible. Le périple était toujours le même, presque toujours orienté vers le nord, Bourgogne, Franche-Comté, Lorraine, Flandres et grandes villes, sauf pour les recrues originaires des Villards en Maurienne qui allaient plutôt du côté de lma Provence et du bas Languedoc en passant par le col du Glandon.
En cours de route, les enfants nettoyaient les cheminées, couchant pêle-mêle dans la paille des granges et mendiant bien souvent leur pain, car, s'ils ne rapportaient pas assez d'argent à leur maître, celui-ci les obligeait à harceler les passants de leurs plaintes, voire à leur raconter des boniments pour obtenir piécette ou nourriture. Entre leurs périodes de travail il arrivait aussi que le petit ramoneur vendît quelques objets de cristal ou de bimbeloterie ou montrât une marmotte apprivoisée, concurrencé en cela par des jeunes filles ou femmes joueuses de vielle, comme cette "Fanchon la vielleuse" célèbre à Paris et que l'on disait savoyarde.....
Extrait du livre de Marie-Thérèse Hermann
Architecture et vie traditionnelle en Savoie. 2ème édition De Marie-Thérèse Hermann L'image traditionnelle de la Savoie est celle d'un pays aux constructions de bois ; les magnifiques chalets d'alpage en mélèze sont devenus le symbole de cette province, bien que son architecture reflète une surprenante variété. Quelle diversité depuis les constructions de pierre des maisons paysannes de Haute-Maurienne jusqu'aux étonnants chalets temporaires d'alpage, enfouis plus de huit mois sous la neige ; depuis les immenses architectures de pierre et de bois des vallées intermédiaires, décorées chaque été d'une profusion de géraniums aux couleurs vives, jusqu'aux antiques chalets couverts d'ancelles de la vallée d'Abondance ! Construites avec les matériaux trouvés sur place ou transportés à grand-peine, continuellement entretenues et réparées, les maisons traditionnelles, par leurs formes et leurs structures, sont aussi le reflet fidèle des modes de vie des Savoyards. Dans cet ouvrage de référence, Marie-Thérèse Hermann met au jour la relation intime et secrète qui unit l'homme à sa maison.
Un téléfilm dont les protagonistes sont des petits ramoneurs est passé à la télé il y a quelques années: "les hirondelles d'hiver"
Et pour lire un dossier très complet à ce sujet je vous renvoie sur le site : Sabaudia